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Rencontres 2014 SES Loire / ISEAG-IAE St-Etienne
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16 juillet 2013

Ressources pour le travail préparatoire des élèves

I/ Ressources pour le travail préparatoire des élèves (et étudiants)

Un raccourci ? Si on veut aller directement au coeur du sujet : connaître l'euro et les étapes de son évolution (avec notamment l'étape de la situation critique depuis 2009) une mise à jour récente du site vie-publique.fr est bien faite pour cela !

Introduction aux débats de fond :

Le titre "Comment ne pas achever l'euro ?" joue évidemment sur le double sens du mot "achever" ("finir la constructruction" ou "donner un coup mortel"). En effet, à ce jour, les économistes s'accordent, d'une part sur la gravité des déséquilibres financiers cumulatifs qui se produisent entre les 17 pays qui partagent cette monnaie unique, et d'autre part sur l'idée que nous sommes devant une sorte de "quitte ou double ?" : "saut fédéral ou éclatement" ...

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de débat, y compris à l'intérieur des concepteurs du "saut fédéral", et parmi ceux (plus rares) qui préconisent l'éclatement. Par exemple, tous ne conçoivent pas de la même façon l'éventuel prochain "saut fédéral" : doit-il se contenter de donner plus de pouvoir à Bruxelles pour obliger vraiment les Etats à se désendetter et à baisser les coûts (surtout salariaux) des pays qui ne sont pas assez compétitifs ? Doit-il aller jusqu'à l'harmonisation sociale, fiscale et écologique, avec gros budget fédéral pour faire de la relance communautaire verte et de la redistribution active entre les régions ? Faut-il juste un Etat fédéral plus "punitif", ou ou nouveau "pacte social, environnemental, monétaire et financier" communautaire, ou au moins à l'échelle des pays de l'Eurozone ? Qu'est-ce qui serait possible, nécessaire et/ou suffisant ?

Au fond il a débat parce qu'il y a toujours deux conceptions de la monnaie moderne depuis qu'elle existe. Ce fut d'abord le débat entre la "currency school" et la "banking school", il prit ensuite les couleurs de l'opposition entre "monétaristes" et "keynésiens", mais fondamentalement il oppose une "conception instrumentale" à une "conception institutionnelle" de la monnaie. En effet, si les monétaristes se contentent volontiers d'institutions qui empêchent (surtout l'Etat) de trop s'endetter et forcent les agents à maîtriser les coûts (notamment du travail) c'est qu'ils ne croient pas qu'on puisse stimuler l'économie avec de la monnaie mais seulement avec de la compétitivité puisque seuls les marchés sont fondamentalement autorégulateurs... Et si les keynésiens souhaitent un Etat fort qui s'occupe de réduire tous les grands déséquilibres, avec également une politique monétaire active en cas de sous-emploi, c'est qu'ils croient que les marchés sont faiblement régulateurs (surtout les marchés financiers qui sont les plus instables), et que la monnaie est une institution qui va mériter ni plus ni moins que la confiance qu'on peut avoir dans un ensemble institutionnel et social qui permettra (ou non) à chacun de s'engager durablement et loyalement dans l'activité productive profitable à tous et pour longtemps...

A/ NOTIONS DE BASE

1) La conception "instrumentale" de la monnaie a l'avantage d'être simple (voire simpliste) :

      a) C'est d'ailleurs ainsi que la banque de France souhaite la présenter à partir du CM1 :

     b) Et à partir du lycée, on peut le comprendre, même en dormant !...

     c) Il y a donc une approche "instrumentale" :

 

2) La conception "institutionnelle" de la monnaie fait appel à l'économie, mais aussi à d'autres sciences sociales :

      a) Sa présentation :

     b) Ainsi l'Institution précède les trois fonctions de la monnaie ...

      c) Alors, qu'est-ce qu'une monnaie complète ?

Selon M. Aglietta et A. Orléan, une monnaie complète n'a pas une seule dimension (horizontale) mais deux (horizontale et verticale). Elle doit être à la fois un instrument et une institution.
- Elle a un côté "autoréférentiel" (et "bien privé") quand elle tâche d'attribuer aux objets échangés une valeur "fondamentale" neutre et désincarnée, "indépendante" du politique. La monnaie (sa gestion) doit alors être modeste et passive, au service des marchés et non d'un projet collectif qu'une "avance monétaire" pourrait impulser ... En ce sens, l'acte fondateur de la croissance économique doit être l'épargne préalable (monnaie déjà gagnée au terme des échanges) comme base du financement "direct" de l'économie...
- Elle a aussi (et généralement d'abord) un côté "souverain" (et "bien public") quand elle sert de symbole d'engagement des individu envers la société et de la société envers ses membres, au nom d'une communauté de valeurs et de projets lisibles et pouvant prendre force de loi. En ce sens la valeur des choses se décide sur les marchés mais les marchés et la monnaie sont forcément d'abord façonnés par des institutions et donc "dépendants" du politique. La monnaie (sa gestion) peut alors être ambitieuse et active, politiquement capable d'impulser un projet collectif au moyen d'une "avance monétaire" ... En ce sens, l'acte fondateur de la croissance économique peut être le crédit (avance monétaire contrôlée) comme base du financement "intermédié" de l'économie, sous une supervision centrale active...

Les corollaires sont nombreux. L'un des principaux est le statut et l'étendue de la mission de la Banque Centrale ("prêteur en dernier ressort") et la légitimité ou non de sa participation directe au financement de certaines dépenses publiques (toujours sous contrôle politique)...

Il faut reconnaître à ces auteurs (M. Aglietta et A. Orléan) le mérite d'une longue constance dans leur approche institutionnelle de la monnaie et donc leur habilitation à souligner aujourd'hui les effets indésirables (mais pas imprévisibles) d'une monnaie (l'euro) trop longtemps restée "incomplète"...

- Voici par exemple ce qu'ils disaient dès avant l'avènement de l'euro et au tout de début de sa mise en route : Aglietta_Orlean_Euro, avec cette illustration : Orlean_Dessine_europeen, ou encore : Orlean_Reflexions_sur_Euro_2002 ...

- D'où leur analyse de la crise actuelle de l'euro, et du "saut fédéral" qu'il faudrait pour éviter l'éclatement : Conférence filmée de M. Aglietta / Isegoria février 2013, dont voici un résumé écrit : Resume_conference_AGLIETTA ...


3) Patrick Artus, pour sa part, sans être "institutionnaliste", reproche depuis longtemps à l'Eurozone de ne pas être une ZMO "zone monétaire optimale" ...

      a) Qu'est-ce qu'une ZMO ?

          - Un petit point théorique ...

      b) "La zone euro doit devenir optimale pour survivre !"

          - Dès 2010, devant les effets du "choc asymétrique" causé à la Grèce, P. Artus (Flash-Economie du 8/02/2010) diagnostiquait que l'Eurozone ne pourrait pas se contenter de rester une ZMNO, et ce diagnostic a été progressivement affiné en 2012 ...

          - En 2012 "Captain Economics" (doctorant en économie) s'appuyait sur P. Artus pour expliquer que : "La zone euro doit devenir optimale pour survivre !"

          - Et P. Artus le re-confirmait dans Le Point du 04/07/2013 : "Cette contradiction qui peut être fatale à l'euro" ...

      c) Mais la crise de l'euro est-elle spécifiquement "monétaire" ou "financière" ?

          - Pour Jean-Claude Juncker (Président de l'Eurogroupe) c'est bien l'enjeu décisif : (extrait du récent documentaire de la RTBF "La contagion")

Questionnaire  ;  Corrigé

          - Mais pour Isabelle Gravet (et P. Artus) (JECO Lyon Novembre 2012) le fondement de la crise est ailleurs :

          - On peut lire aussi cet entretien accordé par Isabelle Gravet pour le journal "Le Progrès" de Lyon du 5/02/2013 ...

Questionnaire  ;  Corrigé 

      d) Deux interventions vidéo de P. Artus, suite à la publication du livre sur la crise de l'euro :

         - Sur Xerfi-canal : on peut voir l'intervention complète du 26/10/2012 : "Euro : la crise n'est pas finie" (28 minutes) :

         - Sur LeGrandO.fr (le portail de la politique à Sciences Po) : on peut se contenter de cet extrait du 26/02/2013 : "Analyse sur l'état de l'économie européenne" (10 minutes)

 

B/ LES DEBATS

1) Quelques économistes estiment aujourd'hui que, puisque le "saut fédéral" nécessaire est impossible dans des délais raisonnables, le scénario d'avenir le moins coûteux serait désormais l'éclatement de la zone euro...

     a) Jean-Pierre Vesperini

          - Ce professeur agrégé des Facultés de Droit et de Sciences économiques et ancien membre du Conseil d'analyse économique auprès du Premier ministre est l'auteur de l'article "Sortons de l'euro pour sauver l'Europe" (Le Monde du 9 Mai 2013)
          - Il a donné, dans la même période, un entretien audio sur ce thème à Kernews.com (l'enregistrement est à cette adresse, avec texte transcrit)

     b) Olivier Berruyer

           - Cet actuaire, spécialiste de la gestion du risque financier, est l'auteur d'un site de vulgarisation critique très visité et de plusieurs livres ... Selon cet extrait, entre pays dépourvus de solidarité organisée, un déséquilibre structurel des échanges ne peut pas durer très longtemps ... c'est même pour ça qu'il faut prévoir des variations des taux de change entre les monnaies ... (Extrait de 6 minutes) :

          - Entre l'Europe du nord et du sud, ce déséquilibre s'aggrave. Non seulement rien n'est prévu pour le corriger mais il est probable que le nord n'acceptera pas une solidarité organisée, alors ?... (Extrait de 17 minutes) :

 

2) Cependant la plupart estiment encore que les coûts de sortie (économiques et politiques) sont tellement prohibitifs que les gouvernements n'auront pas d'autre choix que de franchir les étapes institutionnelles qui manquent à la stabilisation à moyen terme de la monnaie unique...

     a) Thomas Piketty

           - L'auteur de "Peut-on sauver l'Europe ?" (LLL début 2012) était invité par la Fondation Jean-Jaurès pour en parler le 24/05/2012... (Extrait de 7 minutes) :
           - NB : T. Piketty a précisé son scénario dans "Changer d’Europe pour surmonter la crise" : article pour Libération le 17 juin 2013.

     b) Michel Aglietta

           - L'auteur de "Un New-deal pour l'Europe" (Odile Jacob 2013) était reçu par Xerfi-canal (sous le titre "Une révolution institutionnelle pour sauver la zone euro) pour en parler le 27/03/2013... (Extrait de 7 minutes) :

     c) Patrick Artus

            - Le co-auteur de "La crise de l'euro. Comprendre les causes. En sortir par de nouvelles institutions" (Armand Colin 2012) était invité dans le cadre d'un cycle de conférences "Quel avenir pour l'Union Européenne ?" organisé à l'ENS de Lyon entre octobre 2012 et mai 2013 par l'Université Ouverte Lyon1, en partenariat avec le GATE (Groupe d’Analyse et de Théorie Economique) et les JECO (Journées de l'économie).Son intervention "Compétitivité et croissance: quelle stratégie pour l'UE ?" date du 21/01/2013. (Extrait significatif de 25 minutes) :

 

     c) Jean Pisani-Ferry

            - Finalement, le plus difficile -en France- est sans doute de trouver un économiste qui théorise une sortie de crise "conservatrice" (de l'euro sans saut fédéral... mais avec seulement des assurances mutuelles et des disciplines contractuelles entre partenaires). En cherchant bien, on trouve tout de même Jean Pisani-Ferry, directeur du think-tank Bruegel Bruxelles, qui ne prône pas cette solution à long terme mais s'y résigne à moyen terme dans son article d'Octobre 2012 : "Assurance mutuelle ou fédéralisme : la zone euro entre deux modèles" ... Voir notamment sa conclusion en page 3. Mais s'agit-il vraiment d'un modèle de sortie de crise ?...

C/ PISTES DE TRAVAIL

        On rappelle que l'objectif de groupes d'élèves, après s'être partagé le travail de découverte de ce dossier, est d'aboutir à un "questionnement argumenté" à présenter, en début de séance en amphithéâtre, à la personnalité invitée. Il est convenu que l'invité prend note de ces questions et tâche d'intégrer des éléments de réponse dans sa conférence...

       Un questionnement argumenté peut prendre une forme classique ou une forme plus originale mais -au fond- il consiste à montrer que les élèves ont bien acquis une partie des connaissances de bases sur le thème de la rencontre, ce qui leur permet de débrousailler les termes d'au moins un des débats d'actualité qui animent la vocation pédagogique et/ou la recherche d'économistes, dont les contributions connues sont en partie convergentes et en partie divergentes, notamment au moment des préconisations... Mais justement, cela peut aboutir à une perplexité des élèves sur un point, soit parce qu'il semble plus difficile à comprendre, soit parce qu'il s'agit peut-être d'un point de divergence entre au moins deux propositions... C'est pourquoi, après avoir rappelé leurs acquis en amont de leur perplexité, le groupe d'élève arrive rapidement à sa question bien formulée.

       Comme cet exercice est difficile si l'enseignant ne lance pas quelques pistes, vous trouverez (en attendant mieux) Quelques_pistes complémentaires pouvant permettre d'exploiter ce dossier dans le sens de cet objectif ...

 

 

A suivre...

 

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